| Ndiaye Diagne, responsable du centre |
Le
culte du travail est le viatique qui réunit les Baye Fall du centre culturel
Cheikh Ibra Fall. C’est un espace qui offre une formation et vend les œuvres
que ses membres ont produits. Ils refusent de « tendre la calebasse »
malgré les difficultés auxquelles ils font face.
« Le
Baye Fall est un homme d’action » déclare Ndiaye Diagne. L’homme vêtu d’un caftan bariolé
d’un pantalon bouffant en jean, les
reins bien ceints par une grosse ceinture. Un foulard blanc autour du coup,
avec ses dread locks qui lui tombent sur les épaules. C’est le dieuwragne, le responsable des baye
fall du centre culturel Cheikh Ibra Fall. C’est un espace de formation, de
création, de production et de vente. Selon lui un Baye Fall digne de ce nom
n’est pas une personne oisive, il doit avoir le culte du travail tel que leur a
enseigné Cheikh Ibrahima Fall, leur référence. « Nous ne tendons pas la main ou les calebasses comme le font
certains Baye Fall, d’ailleurs leurs marabouts ne sont pas des descendants de
Cheikh Ibra Fall, ils ont une philosophie différente de la nôtre »
ajoute Ndiaye Diagne en caressant la bonbonne de gaz qu’il a recyclée et
transformée en instrument de musique. C’est d’ailleurs pour lutter contre
l’oisiveté des jeunes surtouts des jeunes Baye Fall et le chômage qu’il a eu
l’idée de mettre en place cette structure. Cela leur permettra de subir une
formation et par-dessus tout d’avoir un métier.
| Ndiaye Diagne dans son atelier |
Il a transformé ce qui était un
dépotoir en un centre culturel qu’il a dénommé Cheikh Ibra Fall en hommage à
son guide. Le centre est situé sur la corniche et jouxte l’olympique club. Ce
dernier est un lieu très fréquenté par les occidentaux et les résidents des
quartiers environnants. Aucune clôture ne délimite clairement les limites du
centre. Ce sont boutiques d’exposition serrées les unes aux autres qui font
office de clôture.
Sur le trottoir juste avant
l’entrée, divers œuvres de production du centre y sont exposées. Le regard est
d’abord attiré par un lion doré constitué d’objets recyclés tels que des
chaînes de vélo. A côté du « roi des
animaux », des flamants roses en bois avec leurs pattes longilignes,
des pintades et des lapins aussi constituent le décor qui donne un aperçu du
travail effectué dans le centre. Les ateliers de travail eux se sont à
l’intérieur.
A droite de l’entrée du centre, un
portrait du guide des Baye Fall, Cheikh Ibra Fall. Le culte du travail est
inscrit en rouge en dessous de son portrait. Il résume la philosophie Baye Fall
et des membres du centre. C’est l’avis de Fabou Diallo, un baye fall vêtu de Ndiakhass, le crâne rasé et une barbe un
peu garni. « Le travail et la
solidarité c’est notre maître-mot ici » lance-t-il tout en sculptant
un petit baobab en bois. « Chacun a
sa spécialité ici, néanmoins quand on confie du travail à l’un d’entre nous,
les autres peuvent l’épauler » renchérit-il.
| Fabou Diallo décorant un restaurant |
Fabou se désole que leurs œuvres ne soient pas
appréciées à leur juste valeur. Il nous confie d’ailleurs qu’un membre du
centre a confectionné un réfrigérateur avec des calebasses et que par manque de
moyen ils ne peuvent toujours pas le commercialiser à une grande échelle. « Y a que les occidentaux qui nous
appuient, ce sont eux qui ont construits nos toilettes » lance un de
ses amis sirotant tranquillement son café Touba.
Les Baye Fall du centre ont aujourd’hui perdu beaucoup
de leur clientèle. Les sportifs qui font leur jogging s’arrêtent à peine pour
regarder les produits exposés. La clientèle du centre était essentiellement composée
de militaires français qui résidaient à la base française de Ouakam. Ceux-ci
les invitaient même à leur exposition. Leur souhait principal est d’avoir des
boutiques en France et en Italie afin de mieux écouler leurs œuvres.
Malgré les quelques difficultés que traversent le
centre, les Baye Fall restent fidèles à leur philosophie de culte du travail et
rechignent à tendre la main. Ils tiennent à rester des Baye Fall pas comme les
autres.
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