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| Cheikh Anta Diop |
Aujourd'hui,
le Sénégal peine à s’extirper du gouffre du sous-développement dont il ne cesse de s'enliser. Notre pays est
surtout l’un des pays les plus pauvres et les plus endettés au monde. Le
Sénégal était quasiment au même niveau de développement que la Corée (du
Sud) dans les années 60. Un pays qui fait partie de nos jours des quinze (15)
puissances économiques mondiales. Ce pays a su rester compétitif sur le plan
international. Pourtant sa langue (le coréen), n’est parlée que par son voisin;
la Corée du Nord, le pays le plus fermé au monde.
Cheikh Anta Diop ne s’est pas juste contenté
d’émettre cette idée, il l’a démontrée. Il a
traduit dans « Nations Nègres et
cultures »1 des concepts de physique en wolof, ce qui
prouve que même les sciences les plus pointues pouvaient être traduites dans
nos langues.
De
nos jours, de plus en plus d’intellectuels défendent l’idée selon laquelle, on
doit enseigner dans nos langues africaines. Ils s’appuient notamment sur des
études scientifiques qui prouvent que les enfants scolarisés dans leurs langues
maternelles ont moins de chance de redoubler que leurs camarades qui ont été
scolarisés en français. Les premiers possèdent déjà les connaissances
rudimentaires sur leur sujet d’apprentissage. Ceux qui sont scolarisés en
français subissent quant à eux un sevrage brutal de leur
langue maternelle. Ce qui les oblige à faire leur apprentissage dans une langue
qui n’est pas parlée dans leur environnement immédiat.
D’ailleurs,
le pays de Senghor délaisse de plus en plus le français. L’omniprésence de la langue de Kocc Barma2
est en phase d’éclipser celle de Molière. Le français apparait progressivement
comme la langue de l’élite ce qui ne permet nullement la démocratisation du
savoir.
Cheikh
Anta Diop a toujours considéré le
président Senghor, le francophile, comme un danger pour l’avenir de notre pays.
En effet, le premier président du Sénégal a toujours été fasciné par la langue
du colon tandis que Cheikh Anta considérait cette langue comme un véhicule
d’aliénation.
Selon
un rapport de l’Unesco dans lequel sur
les 20 pays qui font plus de publications académiques, on retrouve 12 pays où la langue officielle n’est parlée que dans lesdits
pays et leurs zones frontalières. Parmi ces 12 pays on retrouve Israël et
le Japon, deux pays dont les langues ne sont parlées que (dans) leur territoire
mais qui sont connus pour être à la pointe de la technologie.
Ce plaidoyer pour
l’enseignement des langues locales est une revanche de Cheikh Anta Diop sur
l’histoire. Lui qui a été confiné dans son laboratoire de l’Institut fondamentalement
de l’Afrique Noire (IFAN). L’enseignement de ses pensées dans les programmes
scolaires est aussi une victoire pour l’un des plus grands savants noirs du XXe
siècle.
1Traduction de concepts physiques et
chimiques (pp 368-380)
2Le wolof

