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| Yaya JAMMEH |
La défaite de Yaya Jammeh a sonné comme un coup de
tonnerre d’autant plus que (presque) tout le monde considérait cette élection
présidentielle comme gagnée d’avance. Le dictateur a surpris le monde en
reconnaissant sa défaite. Cette défaite a tellement surpris que certains imaginent
un compromis au sommet de l’Etat.
En vérité, Yaya Jammeh s’est pris à son propre piège. Le
dirigeant autocrate a largement sous-estimé son principal adversaire Adama
Barrow. Ce dernier, homme politique très
discret, est quasiment inconnu des gambiens. Barrow dont tous les camarades du
bureau politique de son parti sont actuellement en prison, est en fait un candidat par défaut.
La principale erreur de Jammeh est la nomination à la
tête de la commission électorale un homme qui n’a rien à perdre. Un vieil homme
de 80 ans qui a juré sur le Coran et la constitution de se plier à la volonté
du peuple gambien. Il a aussi exigé le comptage des voix sur place, ce qui
limite les risques de fraude. Le
président gambien qui a une haute idée de sa personne (comme tous les
autocrates d’ailleurs) et de sa « popularité » valide ainsi un
système qui va sonner le glas de son régime. Il a voulu légitimer son régime
répressif mais il a inconsciemment donné l’opportunité aux gambiens une des
rares tribunes où ils pouvaient s’exprimer librement. Les résultats sont sans appel, il a été battu
par un inconnu et mis devant le fait accompli, il n’avait d’autre choix que de reconnaitre
sa défaite.
Pourtant le peuple gambien a bien lancé des signaux que
nous n’avons pas perçus ou que nous avons refusés de percevoir. En effet,
depuis deux ans ce pays est secoué par des remous politiques qui ont été
rapidement étouffés. Les marches de l’opposition ont souvent été réprimées dans
le sang. Les milliers de jeunes gambiens qui prennent la mer témoignent de
l’exaspération et du désespoir de la jeunesse de ce pays.
Gambie : Fatim Jawara, une footballeuse internationale, morte noyée en Méditerranée al ... - https://t.co/tbXP4IIAMa pic.twitter.com/aBAgMQlpB0— mediaguinee (@mediaguinee) 3 novembre 2016
Aujourd’hui que Yaya Jammeh a perdu le pouvoir, le défi
de son successeur est de le traduire devant la justice. Sous son magistère, de
nombreux gambiens auront « disparu », des opposants assassinés, d’autres sont morts
en prison.
Une ère nouvelle s’ouvre (de liberté) pour la Gambie mais
également un espoir de normalisation de ses relations avec son voisin immédiat
le Sénégal. Le prédécesseur de Barrow a toujours méprisé le pays de la téranga plus particulièrement ses
présidents. Un espoir d’ouverture pour cette enclave et plus de liberté
d’expression.

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