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samedi 3 décembre 2016

Jammeh, pris à son propre piège

Yaya JAMMEH
La défaite de Yaya Jammeh a sonné comme un coup de tonnerre d’autant plus que (presque) tout le monde considérait cette élection présidentielle comme gagnée d’avance. Le dictateur a surpris le monde en reconnaissant sa défaite. Cette défaite a tellement surpris que certains imaginent un compromis au sommet de l’Etat.

En vérité, Yaya Jammeh s’est pris à son propre piège. Le dirigeant autocrate a largement sous-estimé son principal adversaire Adama Barrow. Ce dernier,  homme politique très discret, est quasiment inconnu des gambiens. Barrow dont tous les camarades du bureau politique de son parti sont actuellement en prison,  est en fait un candidat par défaut.
La principale erreur de Jammeh est la nomination à la tête de la commission électorale un homme qui n’a rien à perdre. Un vieil homme de 80 ans qui a juré sur le Coran et la constitution de se plier à la volonté du peuple gambien. Il a aussi exigé le comptage des voix sur place, ce qui limite les risques de fraude.  Le président gambien qui a une haute idée de sa personne (comme tous les autocrates d’ailleurs) et de sa « popularité » valide ainsi un système qui va sonner le glas de son régime. Il a voulu légitimer son régime répressif mais il a inconsciemment donné l’opportunité aux gambiens une des rares tribunes où ils pouvaient s’exprimer librement.  Les résultats sont sans appel, il a été battu par un inconnu et mis devant le fait accompli, il n’avait d’autre choix que de reconnaitre sa défaite.
Pourtant le peuple gambien a bien lancé des signaux que nous n’avons pas perçus ou que nous avons refusés de percevoir. En effet, depuis deux ans ce pays est secoué par des remous politiques qui ont été rapidement étouffés. Les marches de l’opposition ont souvent été réprimées dans le sang. Les milliers de jeunes gambiens qui prennent la mer témoignent de l’exaspération et du désespoir de la jeunesse de ce pays.


Aujourd’hui que Yaya Jammeh a perdu le pouvoir, le défi de son successeur est de le traduire devant la justice. Sous son magistère, de nombreux gambiens auront « disparu », des opposants assassinés, d’autres sont morts en prison.

Une ère nouvelle s’ouvre (de liberté) pour la Gambie mais également un espoir de normalisation de ses relations avec son voisin immédiat le Sénégal. Le prédécesseur de Barrow a toujours méprisé le pays de la téranga plus particulièrement ses présidents. Un espoir d’ouverture pour cette enclave et plus de liberté d’expression.

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