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mercredi 18 mai 2016

COMPRENDRE LE DJIHADISME AVEC LE DR BAKARY SAMBE

Dr Bakary Sambe
Depuis les attentats de Ouagadougou et Grand-Bassam, les autorités sénégalaises sont sur le qui-vive. C’est dans ce contexte de psychose que le docteur Bakary Sambe a tenu une conférence ce mercredi 11 mai dans les locaux du Cesti. Il a tenu a édifié les étudiants en journalisme sur le phénomène djihadiste.

Le Dr Bakary Sambe commence son exposé par un triste constat : de nos jours quand on parle de terrorisme, de guerre sainte on pense automatiquement (à tort ou à raison) à l’Islam. Or d’après lui la guerre sainte n’existe pas en islam. Ce terme serait une traduction lapidaire du mot djihad (effort en arabe). Le terme guerre sainte aurait été utilisé pour la première fois par le pape Urbain II en 1091 lorsqu’il envoyait les chevaliers combattre sur le chemin de Dieu. Selon le pape Urbain II ceux qui mourraient pouvait espérer aller au paradis. « C’est le même discours que tiendrait n’importe quel djihadiste », affirme Dr Sambe.
Le dernier livre de Bakary Sambe, Boko Haram
Donc selon le Dr Sambe, par ailleurs enseignant-chercheur au centre d’étude des religions (CER) de l’université Gaston Berger de Saint Louis, pense que les djihadistes ne font qu’une manipulation des symboles religieux pour des visées politiques. Les religions ne poseraient pas de problèmes ni les textes religieux mais leur interprétation. La difficulté d’interprétation  du Coran « aussi bien pour les chercheurs et journalistes et même les jurisconsultes réside dans le fait que c’est un livre qui n’est ordonné ni de manière chronologique ni de manière thématique. » Il ajoute que l’autre problème toujours selon le chercheur est que la « le politique a influencé le religieux même dans l’interprétation des textes. »
Il a aussi profité de l’occasion pour présenter son dernier livre intitulé Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale. Le problème Boko Haram était éducatif à ses débuts donc politique. Les étudiants du Nord Nigéria qui ont fait leur formation dans les madrassas ne voyaient pas leurs diplômes reconnus par l’Etat central. Du coup ils ont rejeté à leur tour le système qui les a marginalisés. C’est dans ce contexte que serait né Boko Haram qui était une secte à ses débuts. Le groupe a fini par se radicaliser du fait des répressions des forces de l’ordre nigérianes (le fondateur de Boko Haram est mort en détention).
Aujourd’hui le groupe est en train d’étendre ses tentacules dans les zones du lac Tchad. Les Etats africains particulièrement ont donc intérêt à éradiquer cette gangrène. « Les attentats de Ouagadougou ont signé la fin de l’exception de l’Afrique de l’Ouest », déclare-t-il.
Cependant, il pense que les solutions militaires ne feront qu’aggraver la situation et vont pousser à une militarisation à outrance du continent. Les contingents américains et français ne feront qu’attirer plus de terroristes.
Selon lui les Etats africains doivent réfléchir sur des systèmes éducatifs performatifs. Il s’est notamment prononcé sur le cas du Sénégal et a affirmé que l’Islam soufi peut être un rempart contre le terrorisme s’il parvient à didactiser son message. Il doit l’adapter à cette jeunesse tournée vers la modernité qui risque d’être capter par l’idéologie djihadiste qui utilise la modernité technologique pour combattre la modernité sociale. Les confréries doivent par ailleurs sortir de leurs accointances répétitives avec les pouvoirs politiques avec tous les régimes qui les discréditent.
Pour Bakary Sambe il faut commencer à réfléchir sur les voies de sortie du terrorisme. Et la question qu’il se pose est la suivante : va-t-on indéfiniment empêcher les africains de parler à leurs enfants y compris ceux déjà considérés comme perdus ou bien faudrait- il tôt ou tard investir les ressources culturelles endogènes en terme de médiation de conflit pour sortir du djihadisme ?

Quelques termes utiles
Fatwa : avis juridique sur une question qui n’a pas été tranché par les textes fondateurs.

Conditions d’une fatwa : doit être un fin connaisseur sociologique de la situation des gens, doit être à l’abri du besoin pour ne pas être corrompu, pas de conflit d’intérêt entre ce qu’il doit trancher et lui.

Islamiste : partisan de l’islam politique.

Salafiste : quelqu’un qui appelle au retour aux pratiques islamiques des pieux anciens de la première génération du prophète Mouhammad (psl).

Wahhabisme : version saoudienne du Salafisme.



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