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dimanche 5 juin 2016

MACKY SALL: Véritable briscard politique

Macky Sall
Macky le timide est devenu un ogre de la politique. Il a pris du poids et détruit sans faire de ravage les partis politiques au point de faire de Idrissa Seck un nain politique. Son niangal cache un sournois machiavélisme.

Macky Sall est manifestement un as de la politique. L’enfant de Factick a fait de la route. Son ascension fulgurante n’empêche pas ses camarades de parti d’alors du parti démocratique sénégalais (pds) de le voir comme un simple bon exécutant. Surtout dans l’affaire des chantiers de Thiès, Idrissa Séck le considère d’ailleurs comme le principal bras armé de Wade dans cette affaire. Cette sous-estimation s’avérera être une grosse erreur. Le placide Macky Sall catapulté au poste de premier ministre en 2004, y jouera le rôle de faux docile. Il y restera pendant trois (3) ans, un record sous Wade.
La rupture est consommée lorsqu’il commet le crime de lèse-majesté quand il a cherché à convoquer Karim Wade pour son audition sur les travaux de l’ANOCI (Agence Nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique). Il résiste aux assauts répétés des « fous du roi » qui souhaitent la mise à mort politique de cet insolent Macky. La suppression du poste de numéro deux du PDS, la réduction de son mandat de président de l’assemblée nationale de 5 à 1 an le pousseront à démissionner du Pds.
Mais il aura réussi à déboussoler Laye Ndjombor* lors de ces périodes de trouble. Macky Sall était en effet, le directeur de campagne de la réélection de Abdoulaye Wade en 2007. Il a également été la tête de liste des législatives ce qui lui avait permis d’établir son réseau. Empoisonnant le PDS de l’intérieur. Ce qui poussa Laye Ndjombor  de réchauffer ses relations avec Aminata Tall.
Après la création de son parti Alliance pour la République (APR-Yaakar), il sillonne le Sénégal et adopte une stratégie de l’occupation du terrain. Macky Sall l’introverti, est conscient de son manque de charisme et se rapproche du peuple. Il gagne en sympathie auprès des sénégalais qui trouve en lui un homme intègre que Abdoulaye Wade n’a pas pu faire tomber dans l’affaire de blanchiment d’argent. Il faut reconnaitre qu’il a appris des erreurs de Idrissa Séck qui a été démartyrisé après ses retrouvailles avec le PDS. Ce qui explique la baisse de son électorat qui est passé de 14% en 2007 à 8% en 2012.

DERNIER ARRIVE ET PREMIER SERVI

Macky Sall remportera logiquement la présidentielle de 2012 à la surprise générale. Il devient ainsi le dernier arrivé et le premier servi. Il rafle la mise aux vieux débris tels que Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse l’éternel faiseur de roi. Abdoulaye Wade quant à lui ne comprend pas comment il a pu être battu par le moins doué de ses dauphins. Idy4president Seck tombera des nues. Il ne l’avait pas vu venir celui-là…
Niangal Sall gouvernera avec ses alliés du second tour. Loin d’être un partage de gâteau, c’est un moyen décrédibiliser ses futurs adversaires potentiels. Les vieux lions aux dents usés tels que Niasse et Tanor Dieng ne se rendent pas comptent qu’ils sont comptables du bilan de Macky. Occupés à ronger les os que leur a jetés Macky Sall. Ce qui enrage les jeunes lions affamés de leurs partis politiques en l’occurrence Malick Gackou, Khalifa Sall qui attendent impatiemment le moment de diriger la tanière.
La stratégie de Macky Sall est claire : faire imploser les partis de ses alliés et opposants de l’intérieur mais également et surtout, cannibaliser les leaders mythiques de la société civile. Sa coalition est aujourd'hui un vrai capharnaüm, un fourre-tout idéologique.  
Ainsi, Alioune Tine est-il devenu aphone. Lui qui a été molesté par les sbires de Wade est aujourd'hui inaudible. Pourtant Macky ne fait que singer Laye Ndjombor. D’ailleurs pour lui la transhumance n’est qu’une affaire de feeling. Il a déclaré avoir mis aux oubliettes certaines affaires de la traque des biens mal acquis. Abdou Latif Coulibaly a préféré troqué son manteau de journaliste d’investigation contre celui de ministre de Niangal Sall.
Les opérations de charmes des membres du PDS sont à peine voilées, on n’a même pas étonné de voir Ousmane Ngom voyagé auprès du Président. Mais bon laissons la prison aux malfrats de la trempe de boy djinné et les politiques trainant des casseroles parler de démocraties, de croissance…
Seul Idrissa Seck a très tôt compris la stratégie de Macky. Mais les assauts répétés des apéristes sur  Rewmi auront fait des victimes telles que Pape Diouf le leader fantôme de Bambey. Aujourd'hui il ne reste que Thiès à Ngorsi son bastion de toujours. Lui qui comptait sur un rapprochement avec le PDS pour se refaire une santé devra encore attendre.
Macky Sall a encore une longueur d’avance sur lui. En témoigne l’évocation de la probable libération de Karim Wade. Une pierre deux coups : Karim wade passera pour un comploteur tandis que Idrissa Seck voit son rêve de phagocyter le PDS s’éloigner de nouveau. La voie de la présidentielle de 2019 est semble-t-il bien déblayée pour Niangal Sall.  

*Laye Ndjombor : Abdoulaye Wade
*Niangal Sall : Macky Sall
*Ngorsi : Idrissa Seck

samedi 4 juin 2016

Khadime FALL: Étudiant et tailleur. Sa vie, de fil en aiguille

Khadime Fall, habillé d'un kaftan qu'il a lui même cousu
Si le marché du travail lui ferme la porte, Khadime Fall y entrera par la fenêtre. Pour lui rien ne lui empêchera de réaliser ses rêves. Les coups durs de la vie qu’il encaisse, le renforce dans sa conviction : il concrétisera son vieux projet.

« La réussite est au bout de l’effort », cet adage, khadime Fall veut en faire sienne. Né y a 24 ans à Thiès où il a effectué toutes ses études de l’élémentaire au supérieur. Il est titulaire d’une licence en langues étrangères appliquées- option commerce international. N’ayant pas trouvé encore du travail sur le marché de l’emploi il décide de retourner à ses vieilles amours : l’aviculture et la couture.
En effet depuis son enfance, il a toujours été passionné par les animaux. C’est la raison pour laquelle il a aménagé un poulailler chez lui. « Non seulement c’est une passion mais aussi un moyen de gagner de l’argent. », affirme-t-il. Il commercialise des poulets qu’il élève même s’il trouve que l’activité n’est aussi génératrice de revenus que la couture.
Khadime Fall est un étudiant qui a plus d’un tour dans son sac. Il a acquis des connaissances dans la couture et est tailleur à ses heures perdues. Pendant son enfance, il en avait assez de se tourner les pouces pendant les grandes vacances. Mame Kha comme l’appellent affectivement quelques amis, voulaient s’occuper un peu. Il s’en était ouvert à sa mère qui lui a suggéré de faire de la couture. « Au début c’était un passe-temps mais, par la suite, je suis tombé amoureux de ce métier », déclare-t-il l’air nostalgique. C’est ainsi donc que de fil en aiguille, il est devenu tailleur à temps partiel. Ce métier lui permet de joindre les deux bouts. Sa clientèle est essentiellement composée de femmes en plus de celles de son ancienne université de Thiès. Il ne se limite cependant pas à la couture et à l’aviculture.
La licence en LEA obtenue à l’université de Thiès, lui permet aussi de dispenser des cours d’espagnol dans une privée d’enseignement supérieur. Il enseigne en licence 1 et en licence 2, « il suffit juste de préparer ses fiches », comme pour répondre à ceux qui pensent qu’il n’est pas à la hauteur de cette tâche. « La paye est correcte, on ne m’aurait pas payé cette somme à Thiès même si je travaillais dans 5 établissements différents » déclare-t-il avec un sourire qui en dit long sur sa satisfaction quant à son poste actuel.
Son ami de longue date, Moustapha Fall, avec qui il  partage l’amour pour l’aviculture, apprécie cette volonté de Khadime Fall de  faire bouger les choses. « C’est un homme courageux qui n’attend pas l’Etat. Il essaie tout le temps de créer sa propre entreprise pour l’émergence de son pays mais aussi de sa propre personne. »
Khadime Fall rêve effectivement de créer sa propre entreprise. C’est sa façon de contribuer à la marche de la nation. S’il ne s’est pas tourné vers les structures de financement c’est qu’il compte monter son affaire avec ses propres moyens. « Je sais que ce n’est pas facile mais un jour j’y arriverai. Je serai mon propre boss », dit-il en scrutant l’heure sur son téléphone portable. « A midi je dois être au boulot ». En vérité, Mame kha travaille aussi à temps partiel dans une pizzeria et ne souhaite pas arriver en retard.
Même si aujourd’hui il enseigne et travaille dans une pizzeria à Dakar, il mène cependant ses activités de couture et d’aviculture à Thiès. Ces allées et venues lui valent l’admiration de son ancien camarade de promotion et ami Ahmad Tandian : « il est courageux et ambitieux. Je lui conseille de ne pas baisser les bras et de continuer. »

Sa famille aussi n’est pas en reste, c’est d’ailleurs elle qui l’a poussé à faire de petits boulots. Il estime qu’il est difficile de rester à la maison et de ne rien faire après avoir fait des études supérieures. Fall ne veut pas les décevoir et se concentre actuellement sur ses activités professionnelles même s’il n’exclut pas de s’inscrire en master. « Je ne veux plus m’arrêter. Je veux foncer droit et réaliser mes rêves », déclare-t-il avec détermination.  

jeudi 2 juin 2016

ACTE III DE LA DECENTRALISATION : entre vitesse et précipitation

Abdoulaye SENE au Cesti
L’acte III de la décentralisation serait-il un vœu pieux ? C’est ce qui ressort de l’exposé de M. Abdoulaye SENE, président du think thank Global Local Forum, qui s’est tenu hier au centre d’études en sciences et techniques de la information (Cesti). Une vision louable mais pas très bien pensée.

Les autorités sénégalaises ont-elles été piégées par le calendrier électoral lors de la mise en œuvre de l’acte III de la décentralisation ? On est tenté de se poser la question au vue de la controverse qu’il a suscité mais également par la rapidité de l’application de la première phase.
On se souvient de l’acte I du président Senghor qu’il a expérimenté méthodiquement à Thiès avant de l’étendre sur tout le pays. Les préparations de l’acte II se sont déroulées de 1992 à 1993 sous le régime de Abdou Diouf. Le président Wade lui s’est juste contenté de d’un redécoupage territoriaux. Quant à l’acte III de la décentralisation, il ne cesse d’être critiqué surtout au niveau de la méthode. D’aucuns pensent que le président Sall s’est laissé piégé par l’horloge électoral. « Cela n’a pas permis de penser globalement la réforme de l’acte III », déclare Abdoulaye Séne. Cette réforme n’aurait pas pris certains aspects en compte tel que l’aspect rural des communautés. Donc pour lui les instruments ne peuvent nécessairement pas être identiques. C’est  la raison pour laquelle « on est empêtré dans des démarches désarticulés. »
L’autre problème relatif à l’acte III est la question des ressources humaines et financières des nouvelles communes et leur personnel. « Aujourd’hui les collectivités locales n’ont aucune maitrise de leur budget, elles ne peuvent donc pas anticiper ». Ce qui pose un problème de gestion.
Abdoulaye Séne pense cependant que l’acte III est une initiative louable  vue les enjeux qu’ont les territoires aujourd’hui. « Le territoire est le premier levier pour nous attaquer aux défis qui nous attendent », affirme-t-il. C’est une des missions du think thank dont il est le président (Global Local Forum). Il pense que pour les territoires se développent, il faut partir de l’endogène. Il y a une nécessité de valoriser les ressources locales. Pour atteindre cet objectif, il faut donner aux acteurs locaux la responsabilité de se prendre en charge, de se retrousser les manches.

Mais le problème fondamental de l’acte III réside au niveau de la méthode. Il incombe de le régler sinon il restera qu’un vœu pieux.