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samedi 4 juin 2016

Khadime FALL: Étudiant et tailleur. Sa vie, de fil en aiguille

Khadime Fall, habillé d'un kaftan qu'il a lui même cousu
Si le marché du travail lui ferme la porte, Khadime Fall y entrera par la fenêtre. Pour lui rien ne lui empêchera de réaliser ses rêves. Les coups durs de la vie qu’il encaisse, le renforce dans sa conviction : il concrétisera son vieux projet.

« La réussite est au bout de l’effort », cet adage, khadime Fall veut en faire sienne. Né y a 24 ans à Thiès où il a effectué toutes ses études de l’élémentaire au supérieur. Il est titulaire d’une licence en langues étrangères appliquées- option commerce international. N’ayant pas trouvé encore du travail sur le marché de l’emploi il décide de retourner à ses vieilles amours : l’aviculture et la couture.
En effet depuis son enfance, il a toujours été passionné par les animaux. C’est la raison pour laquelle il a aménagé un poulailler chez lui. « Non seulement c’est une passion mais aussi un moyen de gagner de l’argent. », affirme-t-il. Il commercialise des poulets qu’il élève même s’il trouve que l’activité n’est aussi génératrice de revenus que la couture.
Khadime Fall est un étudiant qui a plus d’un tour dans son sac. Il a acquis des connaissances dans la couture et est tailleur à ses heures perdues. Pendant son enfance, il en avait assez de se tourner les pouces pendant les grandes vacances. Mame Kha comme l’appellent affectivement quelques amis, voulaient s’occuper un peu. Il s’en était ouvert à sa mère qui lui a suggéré de faire de la couture. « Au début c’était un passe-temps mais, par la suite, je suis tombé amoureux de ce métier », déclare-t-il l’air nostalgique. C’est ainsi donc que de fil en aiguille, il est devenu tailleur à temps partiel. Ce métier lui permet de joindre les deux bouts. Sa clientèle est essentiellement composée de femmes en plus de celles de son ancienne université de Thiès. Il ne se limite cependant pas à la couture et à l’aviculture.
La licence en LEA obtenue à l’université de Thiès, lui permet aussi de dispenser des cours d’espagnol dans une privée d’enseignement supérieur. Il enseigne en licence 1 et en licence 2, « il suffit juste de préparer ses fiches », comme pour répondre à ceux qui pensent qu’il n’est pas à la hauteur de cette tâche. « La paye est correcte, on ne m’aurait pas payé cette somme à Thiès même si je travaillais dans 5 établissements différents » déclare-t-il avec un sourire qui en dit long sur sa satisfaction quant à son poste actuel.
Son ami de longue date, Moustapha Fall, avec qui il  partage l’amour pour l’aviculture, apprécie cette volonté de Khadime Fall de  faire bouger les choses. « C’est un homme courageux qui n’attend pas l’Etat. Il essaie tout le temps de créer sa propre entreprise pour l’émergence de son pays mais aussi de sa propre personne. »
Khadime Fall rêve effectivement de créer sa propre entreprise. C’est sa façon de contribuer à la marche de la nation. S’il ne s’est pas tourné vers les structures de financement c’est qu’il compte monter son affaire avec ses propres moyens. « Je sais que ce n’est pas facile mais un jour j’y arriverai. Je serai mon propre boss », dit-il en scrutant l’heure sur son téléphone portable. « A midi je dois être au boulot ». En vérité, Mame kha travaille aussi à temps partiel dans une pizzeria et ne souhaite pas arriver en retard.
Même si aujourd’hui il enseigne et travaille dans une pizzeria à Dakar, il mène cependant ses activités de couture et d’aviculture à Thiès. Ces allées et venues lui valent l’admiration de son ancien camarade de promotion et ami Ahmad Tandian : « il est courageux et ambitieux. Je lui conseille de ne pas baisser les bras et de continuer. »

Sa famille aussi n’est pas en reste, c’est d’ailleurs elle qui l’a poussé à faire de petits boulots. Il estime qu’il est difficile de rester à la maison et de ne rien faire après avoir fait des études supérieures. Fall ne veut pas les décevoir et se concentre actuellement sur ses activités professionnelles même s’il n’exclut pas de s’inscrire en master. « Je ne veux plus m’arrêter. Je veux foncer droit et réaliser mes rêves », déclare-t-il avec détermination.  

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