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jeudi 6 décembre 2018

La décharge de Mbeubeuss empoisonne la vie des maraîchers

La décharge de Mbeubeuss mise en place depuis 1968, est située sur l’emplacement d’un lac asséché de Malika (15 kilomètres de Dakar). Un site favorable aux activités agricoles, notamment en raison d’une nappe non loin de la surface du sol. En effet, elle n’excède pas plus de 15 mètres de profondeurs, cette profondeur varie, en lors des saisons humides : entre 33 cm et 4 m en raison de l’infiltration de la saison des pluies. Ceci explique la présence de jardins potagers qui se sont implantés dans la zone depuis plusieurs générations mais leurs activités sont aujourd’hui menacées par la vieille décharge.
Décharge de Mbeubeuss
A quelques mètres plus bas de la décharge, se trouve le potager de Serigne Séne plus connu sous le nom de Baye Serigne. Assis sur une chaise au milieu de son jardin, il donne des instructions à ses fils et petit-fils qui récoltent quelques feuilles de patates. « J’ai toujours pratiqué le maraîchage tout comme mon père avant moi », informe le Baye Serigne tout en inspectant du regard le travail de sa progéniture. Un petit sourire se dessine sur son visage quand il se plonge dans ses souvenirs. Le vieil homme aux cheveux grisonnants nous affirme que dans les années 90, il fallait plusieurs charrettes pour transporter les récoltes d’un seul champ, aujourd’hui une seule charrette peut transporter la récolte de plusieurs champs, se désole-t-il.

« Autrefois, il y a avait une centaine de manguiers ici, dit-il en montrant du doigt son jardin, mais aujourd’hui, tous les manguiers sont morts » peste le vieux Baye Serigne. Pour lui, le coupable est tout désigné : la décharge de Mbeubeuss qui surplombe son jardin potager. Pour Baye Serigne, c’est la fumée que dégagent les pneus brûlés qui ont tué les manguiers. « Il y a des chercheurs de l’université qui viennent souvent faire des prélèvements dans l’eau de puits que nous utilisons pour arroser nos plantes. Ils nous ont défendu de boire de cette eau », informe-t-il.
Selon une étude réalisée par une équipe de chercheurs de l’Institut fondamental d’Afrique Noir (IFAN), la teneur en nitrate et en chlorure est largement supérieure aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette étude a également montré une forte présence de métaux lourds dans les zones situées près de la décharge de Mbeubeuss. Cette étude a également révélé que la présence de métaux lourds affecte le rendement de certaines variétés de légumes tels que la laitue et le navet chinois, ce qui ralentit leur croissance et diminue leur vigueur.
A quelques mètres du potager de Baye Serigne se trouve celui de Mère Gadiaga (Nom d’emprunt NDLR). Cette sexagénaire de teint clair, tatouée au menton nous confie que ses rendements ont quasiment baissé de 60%. « On cultivait de l’arachide, de l’oseille, du haricot etc. mais aujourd’hui on ne cultive que de l’oignon et de l’aubergine ici car le sol n’est plus fertile. Si nous avions le choix, nous allions diversifier notre culture », nous informe celle pour qui, la décharge n’a apporté rien de positif. « Cette décharge m’a trouvée ici. Je cultive ce jardin depuis maintenant 60 ans. Quand j’étais petite, j’apportais le repas à mon père. Lui aussi a hérité de ce lopin de terre de son père. C’est la raison pour laquelle je n’accepte pas les propositions de vente qui m’ont été formulées », affirme mère Gadiaga. « Je léguerai ce jardin à ma descendance », affirme-t-elle tout en jetant un regard affectueux à son petit-fils.
Juste à côté du potager de Mère Gadiaga, se trouve celui de Baïdy Diop. Pour lui, si rien n’est fait, la décharge finira par engloutir leur jardin. « Elle ne cesse d’empiéter sur nos jardins », explique-t-il.

Les maraîchers utilisent des moyens rudimentaires pour cultiver leur jardin. Baïdy Diop, se faufile entre les feuillages pour nous montrer les jardins qui sont en train d’être grignotés par la décharge et ce, les pieds nus. Pourtant, des études ont démontré que « la présence de larves d’anguillules qui sont directement infectantes à travers la peau, constitue un réel danger pour la santé des agriculteurs. »

L’annonce de la fermeture de la décharge a suscité de l’espoir chez les maraîchers néanmoins, l’effectivité de cette mesure tarde toujours à se réaliser depuis qu’elle a été évoquée. En attendant, ils essaient de perpétuer ce gagne-pain légué par les ancêtres.

jeudi 19 janvier 2017

La fin du feuilleton Obama

Barack Obama et son épouse Michelle
Ce vendredi, le président américain sortant passe les rênes au président élu Donald Trump. Il symbolise ainsi la fin du feuilleton Obama qui, a commencé avec les primaires du parti républicain en 2008.
Barack Hussein Obama, ce jeune sénateur, est sorti de l’anonymat pour devenir le 44ème président de la république de la première puissance mondiale. Il devient ainsi le premier président afro-américain du pays de l’oncle Sam au terme d’une campagne qui a marqué l’histoire.
Sa campagne est devenue une référence en matière de communication politique avec l’utilisation des outils de la technologie. Ce qui lui a permis de cultiver une image de candidat beaucoup plus « cool ». Les réseaux sociaux lui ont permis de mieux segmenter ses cibles et d’interagir avec elles.

La force des mots

Le combat n’était pas gagné d’avance pour Barack Obama car en face il y avait l’expérimentée Hillary Clinton lors des primaires de 2008. Cependant, Obama a su exploité sa jeunesse et son charisme pour rassembler les américains. Son fameux slogan « yes we  can » (oui nous pouvons) a d’ailleurs été repris ailleurs dans le monde sous d’autres formes ou juste traduit. En Espagne, « Podemos » (nous pouvons en espagnol) est le nom du parti de la gauche radicale du pays de Cervantes.
Obama a par ailleurs su fédérer les minorités autour de lui. Fils d’un père kényan et d’une mère américaine, il a suscité l’empathie des minorités grâce auxquelles il a aussi été réélu en 2012.

Obama, un homme de spectacle

Barack Obama, désormais président des Etats Unis d’Amériques doit gérer son image. Il cultive l’image d’un président dynamique ; en témoignent les manches de ses chemises qu’il retrousse souvent. Il n’est pas rare de voir des vidéos lui en train de courir avec son vice-président dans la maison blanche, de saluer avec le poing ses employer ou même accompagné de la boule de poils de la famille Obama.
On peut considérer les 8 années de ses deux mandats comme les 8 saisons du feuilleton Obama. Tout au long de son magistère Barack Obama a étalé ses qualités d’acteur. Il a même fondu en larmes lors d’une de ses annonces sur le contrôle des armes suite à la tuerie de Sandy Hook.

Il a par ailleurs démontré ses talents d’orateur lors  de son discours d’adieu en tant que président des Etats Unis. Il a ainsi remercié sa famille dans un discours émouvant.

Il sera remplacé à la maison blanche par un certain Donald Trump. Lui aussi a marqué les esprits avec une campagne qui a bousculé les codes traditionnels. Le milliardaire animé d’ailleurs une télé-réalité, un nouveau feuilleton commence donc avec le tonitruant. 

mercredi 18 janvier 2017

L’armée ivoirienne : un grand corps malade

Une délégation de soldats mutins devant la résidence du préfet de Bouaké
La gangrène de la réclamation d’un meilleur traitement salarial et d’un avancement se propage dans le corps armé ivoirien. Tout est parti de Bouaké qui était la capitale de la rébellion armée qui a porté Alassane Dramane Ouattara (ADO) au pouvoir.
Les soldats qui sont à l’origine de la mutinerie étaient justement ces rebelles de la deuxième ville de Côte d’ivoire. Ils ont par la suite été greffés sur l’armée régulière. Cette opération de greffe avortée est à l’origine de cette métastase qui est en train de contaminer toute l’armée.

Le monstre de Frankenstein devient incontrôlable

Cette créature, fruit du couple Ouattara-Soro, devient aujourd’hui incontrôlable. Elle se fait dangereuse, car elle a eu le toupet de kidnapper puis libérer le ministre de la défense Alain Richard Donwahi. Pour calmer ce monstre dont il ne contrôle apparemment pas la laisse, Ado a préféré céder aux pressions des mutins. Ainsi, 12 millions de Franc CFA sont promis à chacun d’eux selon la presse ce que réfute le gouvernement. Alain R. Donwahi a refuse de divulguer le montant exact des primes. Ce qui a aiguisé l’appétit du reste des soldats.
De plus, d’aucuns cherchent une « main invisible » qui contrôlerait la laisse du monstre depuis que Ado a affirmé qu’il ne briguera pas un nouveau mandat. Il choisit donc de se conformer à la constitution. Ado préserve son pays d’un éventuel syndrome burundais que pourrait susciter un troisième mandat.

Les yeux restent rivés sur le monstre mais aussi et surtout cette éventuelle « main invisible » qui tient sa laisse. 

lundi 5 décembre 2016

Cheikh Anta avait raison

Cheikh Anta Diop
Il a toujours affirmé qu’aucun pays ne s’est développé avec la langue d’autrui. Il a toujours pensé que notre développement passera par la diffusion du savoir dans nos langues locales. L’histoire lui a donné raison.

Aujourd'hui, le Sénégal peine à s’extirper du gouffre du sous-développement dont il ne cesse de s'enliser. Notre pays est surtout l’un des pays les plus pauvres et les plus endettés au monde. Le Sénégal était quasiment au même niveau de développement que la Corée (du Sud) dans les années 60. Un pays qui fait partie de nos jours des quinze (15) puissances économiques mondiales. Ce pays a su rester compétitif sur le plan international. Pourtant sa langue (le coréen), n’est parlée que par son voisin; la Corée du Nord, le pays le plus fermé au monde.

Cheikh Anta Diop ne s’est pas juste contenté d’émettre cette idée, il l’a démontrée. Il a traduit dans « Nations Nègres et cultures »1 des concepts de physique en wolof, ce qui prouve que même les sciences les plus pointues pouvaient être traduites dans nos langues.

De nos jours, de plus en plus d’intellectuels défendent l’idée selon laquelle, on doit enseigner dans nos langues africaines. Ils s’appuient notamment sur des études scientifiques qui prouvent que les enfants scolarisés dans leurs langues maternelles ont moins de chance de redoubler que leurs camarades qui ont été scolarisés en français. Les premiers possèdent déjà les connaissances rudimentaires sur leur sujet d’apprentissage. Ceux qui sont scolarisés en français subissent quant à eux un sevrage brutal de leur langue maternelle. Ce qui les oblige à faire leur apprentissage dans une langue qui n’est pas parlée dans leur environnement immédiat.

D’ailleurs, le pays de Senghor délaisse de plus en plus le français. L’omniprésence de la langue de Kocc Barma2 est en phase d’éclipser celle de Molière. Le français apparait progressivement comme la langue de l’élite ce qui ne permet nullement la démocratisation du savoir.
Cheikh Anta Diop  a toujours considéré le président Senghor, le francophile, comme un danger pour l’avenir de notre pays. En effet, le premier président du Sénégal a toujours été fasciné par la langue du colon tandis que Cheikh Anta considérait cette langue comme un véhicule d’aliénation.

Selon un rapport de l’Unesco dans lequel sur les 20 pays qui font plus de publications académiques, on retrouve 12 pays où la langue officielle n’est parlée que dans lesdits pays et leurs zones frontalières. Parmi ces 12 pays on retrouve Israël et le Japon, deux pays dont les langues ne sont parlées que (dans) leur territoire mais qui sont connus pour être à la pointe de la technologie.

 Ce plaidoyer pour l’enseignement des langues locales est une revanche de Cheikh Anta Diop sur l’histoire. Lui qui a été confiné dans son laboratoire de l’Institut fondamentalement de l’Afrique Noire (IFAN). L’enseignement de ses pensées dans les programmes scolaires est aussi une victoire pour l’un des plus grands savants noirs du XXe siècle.


1Traduction de concepts physiques et chimiques (pp 368-380)

2Le wolof

samedi 3 décembre 2016

Jammeh, pris à son propre piège

Yaya JAMMEH
La défaite de Yaya Jammeh a sonné comme un coup de tonnerre d’autant plus que (presque) tout le monde considérait cette élection présidentielle comme gagnée d’avance. Le dictateur a surpris le monde en reconnaissant sa défaite. Cette défaite a tellement surpris que certains imaginent un compromis au sommet de l’Etat.

En vérité, Yaya Jammeh s’est pris à son propre piège. Le dirigeant autocrate a largement sous-estimé son principal adversaire Adama Barrow. Ce dernier,  homme politique très discret, est quasiment inconnu des gambiens. Barrow dont tous les camarades du bureau politique de son parti sont actuellement en prison,  est en fait un candidat par défaut.
La principale erreur de Jammeh est la nomination à la tête de la commission électorale un homme qui n’a rien à perdre. Un vieil homme de 80 ans qui a juré sur le Coran et la constitution de se plier à la volonté du peuple gambien. Il a aussi exigé le comptage des voix sur place, ce qui limite les risques de fraude.  Le président gambien qui a une haute idée de sa personne (comme tous les autocrates d’ailleurs) et de sa « popularité » valide ainsi un système qui va sonner le glas de son régime. Il a voulu légitimer son régime répressif mais il a inconsciemment donné l’opportunité aux gambiens une des rares tribunes où ils pouvaient s’exprimer librement.  Les résultats sont sans appel, il a été battu par un inconnu et mis devant le fait accompli, il n’avait d’autre choix que de reconnaitre sa défaite.
Pourtant le peuple gambien a bien lancé des signaux que nous n’avons pas perçus ou que nous avons refusés de percevoir. En effet, depuis deux ans ce pays est secoué par des remous politiques qui ont été rapidement étouffés. Les marches de l’opposition ont souvent été réprimées dans le sang. Les milliers de jeunes gambiens qui prennent la mer témoignent de l’exaspération et du désespoir de la jeunesse de ce pays.


Aujourd’hui que Yaya Jammeh a perdu le pouvoir, le défi de son successeur est de le traduire devant la justice. Sous son magistère, de nombreux gambiens auront « disparu », des opposants assassinés, d’autres sont morts en prison.

Une ère nouvelle s’ouvre (de liberté) pour la Gambie mais également un espoir de normalisation de ses relations avec son voisin immédiat le Sénégal. Le prédécesseur de Barrow a toujours méprisé le pays de la téranga plus particulièrement ses présidents. Un espoir d’ouverture pour cette enclave et plus de liberté d’expression.

dimanche 5 juin 2016

MACKY SALL: Véritable briscard politique

Macky Sall
Macky le timide est devenu un ogre de la politique. Il a pris du poids et détruit sans faire de ravage les partis politiques au point de faire de Idrissa Seck un nain politique. Son niangal cache un sournois machiavélisme.

Macky Sall est manifestement un as de la politique. L’enfant de Factick a fait de la route. Son ascension fulgurante n’empêche pas ses camarades de parti d’alors du parti démocratique sénégalais (pds) de le voir comme un simple bon exécutant. Surtout dans l’affaire des chantiers de Thiès, Idrissa Séck le considère d’ailleurs comme le principal bras armé de Wade dans cette affaire. Cette sous-estimation s’avérera être une grosse erreur. Le placide Macky Sall catapulté au poste de premier ministre en 2004, y jouera le rôle de faux docile. Il y restera pendant trois (3) ans, un record sous Wade.
La rupture est consommée lorsqu’il commet le crime de lèse-majesté quand il a cherché à convoquer Karim Wade pour son audition sur les travaux de l’ANOCI (Agence Nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique). Il résiste aux assauts répétés des « fous du roi » qui souhaitent la mise à mort politique de cet insolent Macky. La suppression du poste de numéro deux du PDS, la réduction de son mandat de président de l’assemblée nationale de 5 à 1 an le pousseront à démissionner du Pds.
Mais il aura réussi à déboussoler Laye Ndjombor* lors de ces périodes de trouble. Macky Sall était en effet, le directeur de campagne de la réélection de Abdoulaye Wade en 2007. Il a également été la tête de liste des législatives ce qui lui avait permis d’établir son réseau. Empoisonnant le PDS de l’intérieur. Ce qui poussa Laye Ndjombor  de réchauffer ses relations avec Aminata Tall.
Après la création de son parti Alliance pour la République (APR-Yaakar), il sillonne le Sénégal et adopte une stratégie de l’occupation du terrain. Macky Sall l’introverti, est conscient de son manque de charisme et se rapproche du peuple. Il gagne en sympathie auprès des sénégalais qui trouve en lui un homme intègre que Abdoulaye Wade n’a pas pu faire tomber dans l’affaire de blanchiment d’argent. Il faut reconnaitre qu’il a appris des erreurs de Idrissa Séck qui a été démartyrisé après ses retrouvailles avec le PDS. Ce qui explique la baisse de son électorat qui est passé de 14% en 2007 à 8% en 2012.

DERNIER ARRIVE ET PREMIER SERVI

Macky Sall remportera logiquement la présidentielle de 2012 à la surprise générale. Il devient ainsi le dernier arrivé et le premier servi. Il rafle la mise aux vieux débris tels que Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse l’éternel faiseur de roi. Abdoulaye Wade quant à lui ne comprend pas comment il a pu être battu par le moins doué de ses dauphins. Idy4president Seck tombera des nues. Il ne l’avait pas vu venir celui-là…
Niangal Sall gouvernera avec ses alliés du second tour. Loin d’être un partage de gâteau, c’est un moyen décrédibiliser ses futurs adversaires potentiels. Les vieux lions aux dents usés tels que Niasse et Tanor Dieng ne se rendent pas comptent qu’ils sont comptables du bilan de Macky. Occupés à ronger les os que leur a jetés Macky Sall. Ce qui enrage les jeunes lions affamés de leurs partis politiques en l’occurrence Malick Gackou, Khalifa Sall qui attendent impatiemment le moment de diriger la tanière.
La stratégie de Macky Sall est claire : faire imploser les partis de ses alliés et opposants de l’intérieur mais également et surtout, cannibaliser les leaders mythiques de la société civile. Sa coalition est aujourd'hui un vrai capharnaüm, un fourre-tout idéologique.  
Ainsi, Alioune Tine est-il devenu aphone. Lui qui a été molesté par les sbires de Wade est aujourd'hui inaudible. Pourtant Macky ne fait que singer Laye Ndjombor. D’ailleurs pour lui la transhumance n’est qu’une affaire de feeling. Il a déclaré avoir mis aux oubliettes certaines affaires de la traque des biens mal acquis. Abdou Latif Coulibaly a préféré troqué son manteau de journaliste d’investigation contre celui de ministre de Niangal Sall.
Les opérations de charmes des membres du PDS sont à peine voilées, on n’a même pas étonné de voir Ousmane Ngom voyagé auprès du Président. Mais bon laissons la prison aux malfrats de la trempe de boy djinné et les politiques trainant des casseroles parler de démocraties, de croissance…
Seul Idrissa Seck a très tôt compris la stratégie de Macky. Mais les assauts répétés des apéristes sur  Rewmi auront fait des victimes telles que Pape Diouf le leader fantôme de Bambey. Aujourd'hui il ne reste que Thiès à Ngorsi son bastion de toujours. Lui qui comptait sur un rapprochement avec le PDS pour se refaire une santé devra encore attendre.
Macky Sall a encore une longueur d’avance sur lui. En témoigne l’évocation de la probable libération de Karim Wade. Une pierre deux coups : Karim wade passera pour un comploteur tandis que Idrissa Seck voit son rêve de phagocyter le PDS s’éloigner de nouveau. La voie de la présidentielle de 2019 est semble-t-il bien déblayée pour Niangal Sall.  

*Laye Ndjombor : Abdoulaye Wade
*Niangal Sall : Macky Sall
*Ngorsi : Idrissa Seck

samedi 4 juin 2016

Khadime FALL: Étudiant et tailleur. Sa vie, de fil en aiguille

Khadime Fall, habillé d'un kaftan qu'il a lui même cousu
Si le marché du travail lui ferme la porte, Khadime Fall y entrera par la fenêtre. Pour lui rien ne lui empêchera de réaliser ses rêves. Les coups durs de la vie qu’il encaisse, le renforce dans sa conviction : il concrétisera son vieux projet.

« La réussite est au bout de l’effort », cet adage, khadime Fall veut en faire sienne. Né y a 24 ans à Thiès où il a effectué toutes ses études de l’élémentaire au supérieur. Il est titulaire d’une licence en langues étrangères appliquées- option commerce international. N’ayant pas trouvé encore du travail sur le marché de l’emploi il décide de retourner à ses vieilles amours : l’aviculture et la couture.
En effet depuis son enfance, il a toujours été passionné par les animaux. C’est la raison pour laquelle il a aménagé un poulailler chez lui. « Non seulement c’est une passion mais aussi un moyen de gagner de l’argent. », affirme-t-il. Il commercialise des poulets qu’il élève même s’il trouve que l’activité n’est aussi génératrice de revenus que la couture.
Khadime Fall est un étudiant qui a plus d’un tour dans son sac. Il a acquis des connaissances dans la couture et est tailleur à ses heures perdues. Pendant son enfance, il en avait assez de se tourner les pouces pendant les grandes vacances. Mame Kha comme l’appellent affectivement quelques amis, voulaient s’occuper un peu. Il s’en était ouvert à sa mère qui lui a suggéré de faire de la couture. « Au début c’était un passe-temps mais, par la suite, je suis tombé amoureux de ce métier », déclare-t-il l’air nostalgique. C’est ainsi donc que de fil en aiguille, il est devenu tailleur à temps partiel. Ce métier lui permet de joindre les deux bouts. Sa clientèle est essentiellement composée de femmes en plus de celles de son ancienne université de Thiès. Il ne se limite cependant pas à la couture et à l’aviculture.
La licence en LEA obtenue à l’université de Thiès, lui permet aussi de dispenser des cours d’espagnol dans une privée d’enseignement supérieur. Il enseigne en licence 1 et en licence 2, « il suffit juste de préparer ses fiches », comme pour répondre à ceux qui pensent qu’il n’est pas à la hauteur de cette tâche. « La paye est correcte, on ne m’aurait pas payé cette somme à Thiès même si je travaillais dans 5 établissements différents » déclare-t-il avec un sourire qui en dit long sur sa satisfaction quant à son poste actuel.
Son ami de longue date, Moustapha Fall, avec qui il  partage l’amour pour l’aviculture, apprécie cette volonté de Khadime Fall de  faire bouger les choses. « C’est un homme courageux qui n’attend pas l’Etat. Il essaie tout le temps de créer sa propre entreprise pour l’émergence de son pays mais aussi de sa propre personne. »
Khadime Fall rêve effectivement de créer sa propre entreprise. C’est sa façon de contribuer à la marche de la nation. S’il ne s’est pas tourné vers les structures de financement c’est qu’il compte monter son affaire avec ses propres moyens. « Je sais que ce n’est pas facile mais un jour j’y arriverai. Je serai mon propre boss », dit-il en scrutant l’heure sur son téléphone portable. « A midi je dois être au boulot ». En vérité, Mame kha travaille aussi à temps partiel dans une pizzeria et ne souhaite pas arriver en retard.
Même si aujourd’hui il enseigne et travaille dans une pizzeria à Dakar, il mène cependant ses activités de couture et d’aviculture à Thiès. Ces allées et venues lui valent l’admiration de son ancien camarade de promotion et ami Ahmad Tandian : « il est courageux et ambitieux. Je lui conseille de ne pas baisser les bras et de continuer. »

Sa famille aussi n’est pas en reste, c’est d’ailleurs elle qui l’a poussé à faire de petits boulots. Il estime qu’il est difficile de rester à la maison et de ne rien faire après avoir fait des études supérieures. Fall ne veut pas les décevoir et se concentre actuellement sur ses activités professionnelles même s’il n’exclut pas de s’inscrire en master. « Je ne veux plus m’arrêter. Je veux foncer droit et réaliser mes rêves », déclare-t-il avec détermination.  

jeudi 2 juin 2016

ACTE III DE LA DECENTRALISATION : entre vitesse et précipitation

Abdoulaye SENE au Cesti
L’acte III de la décentralisation serait-il un vœu pieux ? C’est ce qui ressort de l’exposé de M. Abdoulaye SENE, président du think thank Global Local Forum, qui s’est tenu hier au centre d’études en sciences et techniques de la information (Cesti). Une vision louable mais pas très bien pensée.

Les autorités sénégalaises ont-elles été piégées par le calendrier électoral lors de la mise en œuvre de l’acte III de la décentralisation ? On est tenté de se poser la question au vue de la controverse qu’il a suscité mais également par la rapidité de l’application de la première phase.
On se souvient de l’acte I du président Senghor qu’il a expérimenté méthodiquement à Thiès avant de l’étendre sur tout le pays. Les préparations de l’acte II se sont déroulées de 1992 à 1993 sous le régime de Abdou Diouf. Le président Wade lui s’est juste contenté de d’un redécoupage territoriaux. Quant à l’acte III de la décentralisation, il ne cesse d’être critiqué surtout au niveau de la méthode. D’aucuns pensent que le président Sall s’est laissé piégé par l’horloge électoral. « Cela n’a pas permis de penser globalement la réforme de l’acte III », déclare Abdoulaye Séne. Cette réforme n’aurait pas pris certains aspects en compte tel que l’aspect rural des communautés. Donc pour lui les instruments ne peuvent nécessairement pas être identiques. C’est  la raison pour laquelle « on est empêtré dans des démarches désarticulés. »
L’autre problème relatif à l’acte III est la question des ressources humaines et financières des nouvelles communes et leur personnel. « Aujourd’hui les collectivités locales n’ont aucune maitrise de leur budget, elles ne peuvent donc pas anticiper ». Ce qui pose un problème de gestion.
Abdoulaye Séne pense cependant que l’acte III est une initiative louable  vue les enjeux qu’ont les territoires aujourd’hui. « Le territoire est le premier levier pour nous attaquer aux défis qui nous attendent », affirme-t-il. C’est une des missions du think thank dont il est le président (Global Local Forum). Il pense que pour les territoires se développent, il faut partir de l’endogène. Il y a une nécessité de valoriser les ressources locales. Pour atteindre cet objectif, il faut donner aux acteurs locaux la responsabilité de se prendre en charge, de se retrousser les manches.

Mais le problème fondamental de l’acte III réside au niveau de la méthode. Il incombe de le régler sinon il restera qu’un vœu pieux.

mercredi 18 mai 2016

COMPRENDRE LE DJIHADISME AVEC LE DR BAKARY SAMBE

Dr Bakary Sambe
Depuis les attentats de Ouagadougou et Grand-Bassam, les autorités sénégalaises sont sur le qui-vive. C’est dans ce contexte de psychose que le docteur Bakary Sambe a tenu une conférence ce mercredi 11 mai dans les locaux du Cesti. Il a tenu a édifié les étudiants en journalisme sur le phénomène djihadiste.

Le Dr Bakary Sambe commence son exposé par un triste constat : de nos jours quand on parle de terrorisme, de guerre sainte on pense automatiquement (à tort ou à raison) à l’Islam. Or d’après lui la guerre sainte n’existe pas en islam. Ce terme serait une traduction lapidaire du mot djihad (effort en arabe). Le terme guerre sainte aurait été utilisé pour la première fois par le pape Urbain II en 1091 lorsqu’il envoyait les chevaliers combattre sur le chemin de Dieu. Selon le pape Urbain II ceux qui mourraient pouvait espérer aller au paradis. « C’est le même discours que tiendrait n’importe quel djihadiste », affirme Dr Sambe.
Le dernier livre de Bakary Sambe, Boko Haram
Donc selon le Dr Sambe, par ailleurs enseignant-chercheur au centre d’étude des religions (CER) de l’université Gaston Berger de Saint Louis, pense que les djihadistes ne font qu’une manipulation des symboles religieux pour des visées politiques. Les religions ne poseraient pas de problèmes ni les textes religieux mais leur interprétation. La difficulté d’interprétation  du Coran « aussi bien pour les chercheurs et journalistes et même les jurisconsultes réside dans le fait que c’est un livre qui n’est ordonné ni de manière chronologique ni de manière thématique. » Il ajoute que l’autre problème toujours selon le chercheur est que la « le politique a influencé le religieux même dans l’interprétation des textes. »
Il a aussi profité de l’occasion pour présenter son dernier livre intitulé Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale. Le problème Boko Haram était éducatif à ses débuts donc politique. Les étudiants du Nord Nigéria qui ont fait leur formation dans les madrassas ne voyaient pas leurs diplômes reconnus par l’Etat central. Du coup ils ont rejeté à leur tour le système qui les a marginalisés. C’est dans ce contexte que serait né Boko Haram qui était une secte à ses débuts. Le groupe a fini par se radicaliser du fait des répressions des forces de l’ordre nigérianes (le fondateur de Boko Haram est mort en détention).
Aujourd’hui le groupe est en train d’étendre ses tentacules dans les zones du lac Tchad. Les Etats africains particulièrement ont donc intérêt à éradiquer cette gangrène. « Les attentats de Ouagadougou ont signé la fin de l’exception de l’Afrique de l’Ouest », déclare-t-il.
Cependant, il pense que les solutions militaires ne feront qu’aggraver la situation et vont pousser à une militarisation à outrance du continent. Les contingents américains et français ne feront qu’attirer plus de terroristes.
Selon lui les Etats africains doivent réfléchir sur des systèmes éducatifs performatifs. Il s’est notamment prononcé sur le cas du Sénégal et a affirmé que l’Islam soufi peut être un rempart contre le terrorisme s’il parvient à didactiser son message. Il doit l’adapter à cette jeunesse tournée vers la modernité qui risque d’être capter par l’idéologie djihadiste qui utilise la modernité technologique pour combattre la modernité sociale. Les confréries doivent par ailleurs sortir de leurs accointances répétitives avec les pouvoirs politiques avec tous les régimes qui les discréditent.
Pour Bakary Sambe il faut commencer à réfléchir sur les voies de sortie du terrorisme. Et la question qu’il se pose est la suivante : va-t-on indéfiniment empêcher les africains de parler à leurs enfants y compris ceux déjà considérés comme perdus ou bien faudrait- il tôt ou tard investir les ressources culturelles endogènes en terme de médiation de conflit pour sortir du djihadisme ?

Quelques termes utiles
Fatwa : avis juridique sur une question qui n’a pas été tranché par les textes fondateurs.

Conditions d’une fatwa : doit être un fin connaisseur sociologique de la situation des gens, doit être à l’abri du besoin pour ne pas être corrompu, pas de conflit d’intérêt entre ce qu’il doit trancher et lui.

Islamiste : partisan de l’islam politique.

Salafiste : quelqu’un qui appelle au retour aux pratiques islamiques des pieux anciens de la première génération du prophète Mouhammad (psl).

Wahhabisme : version saoudienne du Salafisme.



mercredi 4 mai 2016

LES REMÈDES DU DR DIOUME POUR LE FOOTBALL SÉNÉGALAIS

Les perspectives du football sénégalais est le thème de la conférence qui s’est tenu aujourd’hui dans l’école de journalisme du Cesti. Cette traditionnelle conférence a accueilli de grands noms du football sénégalais. Le Dr Oumar Dioume a d’ailleurs émis quelques propositions pour améliorer le football sénégalais.

Le cesti a accueilli des invités et pas des moindres : El Hadji Malick Sy (ancien président de la fédération de football, Aliou Cissé (actuel sélectionneur des lions) et Yatma Diop (ancien international) ont constitué le parterre d’invités du carrefour d’actualité.
Parmi les invités figure aussi l’ingénieur-chercheur et passionné de football Oumar Dioume. La présence des anciennes gloires a évoqué des souvenirs au chercheur qui en a profité pour leur rendre hommage. Dr Dioume a enjoint les journalistes de consulter et ramener les archives du football sénégalais car pour lui « un peuple sans conscience historique n’est qu’une population ».
Il a par ailleurs exposé aux étudiants ses propositions pour améliorer le football sénégalais.
Ces propositions s’articulent principalement sur 9 points :
ü  Professionnaliser les navétanes pour la viabilité du football local
ü  Nouveau modèle économique en faisant des joueurs de football des payeurs de taxe. Leur demander de payer une partie de leurs impôts au Sénégal dans le cadre de la double taxation
ü  Une équipe nationale locale, (même s’il se réjouit de l’ossature de l’équipe actuelle constituée en partie de joueurs olympiques). Un lien entre l’équipe A et les petites catégories
ü  Un conseil des plus anciens footballeurs et entraineurs pour soutenir les actuels joueurs et les mettre à contribution
ü  Un conseil des anciens journalistes
ü  Un conseil des anciens supporters
ü  Réintroduire le sport à l’école à défaut, organiser des tournois permanents entre école de football
ü  Une interaction entre les ingénieurs et les footballeurs, introduire la biomécanique dans le football
ü  Cellule de réflexion sur le football
ü  Entre l’Ebad, le Cesti et les journalistes pour retrouver les anciennes images
El Hadji Malick Sy de renchérir qu’il faut une cohésion dans la structure qui gère l’équipe nationale non sans solliciter le concours des journalistes.

Le sélectionneur Aliou Cissé quant à lui estime que les présidents de fédérations doivent aussi mettre les moyens qu’il faut sans attendre l’Etat. Interpelé par un étudiant sur le problème du côté  droit, il s'est désolé qu’il n'y ait pas beaucoup de monde dans ce poste. « Lamine Gassama est consistant même s’il peut faire mieux que ça », déclare-t-il. Cissé a poussé sa réflexion plus loin en affirmant que « nous avons aussi des problèmes d’excentrés ».
Il a rétorqué à ceux qui lui reprochent de ne pas dérouler un jeu alléchant malgré les victoires qu’il a engrangé « je ne suis pas le Barça et je ne jouerai jamais comme le Barça ».



mercredi 27 avril 2016

IMAGE INTERACTIVE: L'ambassadeur des USA au CESTI

Aujourd'hui le Centre d’étude des sciences et techniques de l’information, son Excellence l’ambassadeur des États Unis d’Amérique James P. Zumwalt. Cette conférence s’inscrit dans le cadre du traditionnel carrefour d’actualité qu'organise l’école de journalisme. Il a exprimé sa satisfaction quant aux actions menées par les jeunes entrepreneurs non sans mettre en garde cette jeunesse contre l’extrémisme violent.  

jeudi 21 avril 2016

AUDIO: S.E.M Safwat IBRAGHITH

Le nouvel ambassadeur de l’autorité palestinienne, son excellence Safwat IBRAGHIT est revenu sur les enjeux de la question palestinienne. Il était l’invité du traditionnel carrefour de l’actualité organisé par le Cesti. Il a profité de cette conférence pour dénoncer la politique de Israël.
Je vous présente un extrait de sa conférence.